La biodynamie, comme une évidence

     Avant de rentrer dans le détail de ce qu’est la biodynamie, faisons d’abord un constat : son application dans la viticulture est récente. Reprenant les préceptes de son inventeur, Rudolf Steiner, elle a été appliquée dans une ferme en Alsace en 1925. Mais dans la viticulture, il faut attendre 1962 pour que François Bouchet l’initie dans La Loire. Et c'est Nicolas Joly et la célèbre Coulée de Serrant en Savennières qui en devient le meilleur orateur, après un démarrage en 1982.
     La biodynamie a aussi été largement diffusée dans le monde par deux femmes exceptionnelles : Lalou-Bize Leroy (domaine Leroy et ancienne co-gérante du domaine de la Romanée-Conti) et Anne-Claude Leflaive (domaine Leflaive à Puligny-Montrachet). Elles ont prouvé que la biodynamie permettait non seulement de réaliser d’immenses vins, mais aussi que les domaines y gagnaient en notoriété et donc en rentabilité, de manière significative.  


     La biodynamie est aujourd’hui plébiscitée dans le monde entier. En France, j’ai constaté au fil des ans le succès de la réunion annuelle parisienne du label Biodivin. Mais le succès de la biodynamie est surtout international. New-York bien sûr, qui marque les tendances, mais aussi Londres et Shanghaï.
     La Chine n’est plus seulement un pays de buveurs d’étiquettes de Grands Crus bordelais, bien au contraire. La demande de vins d’artisans de qualité a explosé. Une jeune génération mieux formée et parlant anglais s’intéresse davantage au contenu et plébiscite en priorité les petits domaines français certifiés en biodynamie. Pour les plus grands vins, une certification en biodynamie deviendra une norme, c’est certain.
 
     En quoi consiste la biodynamie ? C’est une pratique agricole qui vise à créer un environnement permettant aux éléments qui y vivent : plantes, animaux, humains, sols, de se développer le plus harmonieusement possible et avec un minimum de contraintes.
     Pour la viticulture, il s’agit de pulvériser sur les vignes des préparations qui mélangent des préparations à base de composts et tisanes à de grandes quantités d’eau. Ces pulvérisations se font à des périodes précises, en fonction du calendrier lunaire.
     La biodynamie vient toujours après la conversion à l’agriculture biologique puisque qu’un vin doit être certifié en bio pour obtenir un des deux labels en biodynamie (Demeter ou Biodivin).

     La biodynamie est un geste qui renforce la vigne, un signe d’attention bienveillante qu’elle reçoit positivement en favorisant un sol vivant. La racine puise profondément, le sol s’exprime mieux et le vin y gagne de la fraîcheur et de la minéralité, un côté salin sans artifice. Les biodynamistes sont souvent des non interventionnistes.

     Quel est l’impact de la biodynamie sur les vins ? Le résultat a été souligné par Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde. Pour lui, les vins sont plus digestes, ont plus de fraicheur et de salinité. En un mot, ils émettent davantage de vibrations.
     En complément de cette analyse, citons Claude de Nicolay (domaine Chandon de Briailles à Savigny-Les-Beaune en Bourgogne), une autre grande dame de la biodynamie : « Il y a une forme de plaisir immédiat du vin : on sait à présent que c’est la salinité qui produit cet effet en finale. Pour avoir cela dans un vin, il faut que les racines puissent en profondeur tous les éléments nutritifs. On ne peut avoir ces conditions que dans un sol vivant, aéré. La biodynamie c’est du bon sens, c’est comprendre et lire la nature. On cherche la salinité, la pureté, l’expression florale qu’un élevage trop long ou trop marqué risquerait d’éteindre ou de masquer. »

     Pourquoi dans ces conditions, la biodynamie aurait-elle ses détracteurs comme le philosophe Michel Onfray, qui déclara : "Je n’ai jamais bu de vin issu de la biodynamie qui ne soit une exécrable piquette". Pourrait-on lui servir un Musigny du domaine de la Vougeraie ou bien pour un tarif plus modeste, un Montlouis-sur-Loire de François Chidaine ? Qu’il nous réponde que ces vins, servis sur les meilleures tables, sont d’affreuses piquettes...
     La raison c’est qu’il y a un manque de connaissance et une confusion avec certains vins natures déviants. La biodynamie, ce n’est pas un truc de baba cool, mais exactement le contraire. Il faut être précis et accepter de prendre des risques notamment pendant les années difficiles. La biodynamie n’est pas un vin pétillant ou naturel (même s’il peut l’être), c’est un travail rigoureux avec du soufre dans des quantités faibles et intégrés le mieux possible. Pour Olivier Humbrecht (domaine Zind-Humbrecht en Alsace) « Un bon biodynamiste est avant tout un paysan ancré dans le sol. Si c’est le désordre, ce n’est plus de la biodynamie, c’est du laisser-aller, de la fainéantise ».

    Vous comprendrez donc le parti pris par les Vins d’Edouard d’essayer de diffuser ce mode de viticulture, en mettant en lumière des domaines conjuguant la biodynamie aux fondamentaux : l'expérience du vigneron et la qualité du terroir.